Sécurité, durabilité et autosuffisance : l’année de la foresterie canadienne
La COVID-19 a défini la majeure partie de notre vie en 2020, c’est le moins qu’on puisse dire.
Il nous tarde de mettre cette année derrière nous, mais je m’en voudrais de ne pas mentionner, dans ma revue annuelle, notre profonde reconnaissance pour les efforts et les sacrifices incroyables des travailleurs de la santé et premiers répondants canadiens. J’offre aussi nos plus sincères condoléances aux plus de 13 600 familles canadiennes qui ont perdu des proches en raison de la COVID-19.
Pour nous tous, cette bataille a débuté quand l’Organisation mondiale de la santé a déclaré la pandémie au début de mars. Peu après, les dirigeants du secteur forestier canadien ont agi rapidement en collaborant avec le gouvernement, les syndicats et la chaîne d’approvisionnement pour faire en sorte que les produits essentiels continuent d’être offerts, que les travailleurs et leurs familles soient protégés et que la frontière entre le Canada et les États-Unis reste ouverte au commerce.
Le gouvernement fédéral a désigné avec raison les travailleurs du secteur forestier comme essentiels. Nous nous sommes mobilisés pour que les Canadiens puissent obtenir les produits forestiers de source durable dont ils ont besoin pendant la pandémie. Le bois d’œuvre et les matériaux de construction de même que la pâte pour les masques médicaux, les blouses d’hôpital, le papier hygiénique et les lingettes désinfectantes ont rarement connu une demande aussi forte.
Au cours des premières semaines de la pandémie, le rôle du secteur forestier dans la fabrication d’équipement de protection individuelle (EPI) est devenu clair. Dès le début d’avril, lorsque le président Trump a voulu bloquer un chargement de masques 3M vers le Canada, il était évident que c’était la pâte de qualité supérieure des forêts du nord du Canada qui était un élément clé de ces masques médicaux. On s’est alors demandé pourquoi nous ne faisions pas plus pour tirer parti de nos propres ressources renouvelables afin d’alimenter les Canadiens au moment où les besoins se faisaient pressants.
Le gouvernement fédéral s’est rapidement tourné vers le chef de file canadien de l’innovation forestière, FPInnovations, pour un projet de réponse à la COVID-19 : mettre au point un filtre biodégradable durable pour les masques jetables grâce à des solutions locales écoresponsables. Cette innovation toute canadienne en est maintenant à sa deuxième phase et témoigne non seulement de la puissance et de l’agilité du savoir-faire canadien dans l’espace d’innovation en foresterie, mais aussi de la possibilité de faire plus, ici, avec les produits canadiens. J’espère que nous continuerons, en 2021, de tirer des leçons de la pandémie pour répondre davantage aux besoins de notre population avec des ressources canadiennes durables.
Aujourd’hui, la double menace de la pandémie de COVID-19 et des changements climatiques, ainsi que les facteurs de stress économique qui l’accompagnent, est suffisante pour nous mettre tous à l’épreuve. Le secteur forestier canadien est résilient, mais la crise sanitaire a rendu une période déjà difficile encore plus difficile pour bien des familles, entreprises et collectivités forestières.
En effet, le conflit sur le bois d’œuvre résineux avec les États-Unis continue d’être un boulet, le Trésor américain détenant une somme de plus de 4,3 milliards de dollars canadiens (jusqu’à maintenant) qui ne peut servir à investir dans notre main-d’œuvre, dans des projets d’immobilisations, dans la recherche et l’innovation ou le développement de nouveaux marchés d’exportation.
La demande accrue pour le bois d’œuvre, due à une flambée de la rénovation domiciliaire et au solide marché de l’habitation en Amérique du Nord, est une bonne nouvelle, mais pour bien de ceux qui travaillent dans le secteur des pâtes et papiers, les difficultés persistent.
Malgré ces défis, nous avons confiance dans le potentiel de notre secteur et de sa main-d’œuvre pour contribuer à une reprise économique verte et inclusive. Nous sommes fiers que les travailleurs forestiers aient été reconnus par le gouvernement fédéral, dans le discours du Trône, comme des chefs de file de la lutte contre les changements climatiques et du virage pour rétablir notre économie.
C’est dans ce contexte que l’APFC a récemment publié le document Innovation, durabilité, résilience : Recommandations du secteur forestier canadien pour favoriser la reprise économique et un avenir carboneutre. Ce rapport souligne notre capacité unique de favoriser la relance économique post-pandémie tout en offrant des solutions pour une économie plus durable et carboneutre.
Nous avons vu, cette année, des progrès dans l’utilisation du bois et de nouveaux projets de construction en bois massif non seulement au Canada, mais dans le monde entier. Comme les architectes, ingénieurs et planificateurs urbains reconnaissent de plus en plus la durabilité de ces options, le Conseil canadien du bois (CCB) travaille avec des experts techniques pour moderniser le Code national du bâtiment du Canada afin d’offrir des solutions de rechange sécuritaires, efficaces et efficientes en matière de GES par la construction en bois.
Que ce soit en innovant pour garder la population en santé, en contribuant à une économie carboneutre ou en créant des possibilités économiques pour les familles, l’industrie forestière a l’occasion d’accélérer le changement et de participer à une reprise qui ne laisse personne de côté.
Nous avons été ravis de l’appui du Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF), qui s’est engagé cet automne à sensibiliser davantage les gens à l’importance de l’excellente approche du Canada en matière d’aménagement forestier durable et à la possibilité de mieux utiliser les forêts, leurs produits ainsi que la main-d’œuvre du secteur pour réduire les émissions de carbone de notre économie.
L’année qui s’achève nous a amené la plus importante crise sanitaire et économique de notre époque, mettant en lumière les plus grandes forces comme les plus grandes vulnérabilités de notre pays. Pour le secteur forestier, 2021 offre la possibilité d’établir un plan à long terme permettant d’accélérer l’innovation en bioéconomie forestière et en technologies forestières propres, de fabriquer ici, au pays, plus de produits forestiers, d’élargir les marchés d’exportation, de construire plus haut et plus grand en bois canadien, de protéger les collectivités du feu et de faire travailler plus de Canadiens.
Vivement la nouvelle année. Nous sommes prêts à nous mettre au travail.
Derek Nighbor
Président de APFC